[Clan de la Muse] Génèse

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« Aïeuh ! »

Et zut ! Mais bon sang, pourquoi le tissus est-il si fin ?
Et pourquoi on ne fait pas de tabard en cuir ? C’est pourtant pas sorcier ! Serais-je la seule à m’être ainsi penchée sur l’inexplicable problème du tabard infaisable ?

…
Bon, j’admets que mes capacités en couture sont limitées, mais quand même…

Un reniflement amusé derrière moi me pousse à me retourner, contrariée.

« Oh toi, ça va… Ne te moque pas comme ça hein ! Lik et Gil le font déjà suffisamment bien ! »
Deux yeux couleurs d’aigue-marine me fixaient, rieurs. Un visage humanoïde n’aurait pas pu mieux rendre l’affection moqueuse qui s’y lisait.
Fièrelune, ma compagne… Je pense qu’elle n’est pas encore au courant que je ne suis pas son petit…
D’aucun diraient qu’il ne lui manque que la parole… Et bien je trouve que c’est déjà bien suffisant !

Mais comment bouder face a l’assaut de léchouilles dont elle me gratifie ? Je vous le demande…
« Oui bon, ça va, ça va… moi aussi je t’adore, Fifi » dis-je en l’enlaçant fermement par le cou.
« Je filerai ce tabard à Maëlie. Gentille comme elle est, elle me le fera parfaitement bien, j’en suis sûre ! »

Quand je repense au toupet de ce foutu marchand de tabard…

« - Quoi, encore vous ? Vous n’en avez pas marre de changer de tabard tous les 8 du mois ?
- Hey ! Non mais de quoi j’me mêle ! D’abord c’est pas tous les mois, c’est juste la 3ième fois que je saches, et puis depuis quand c’est interdit, dites-moi ? hein ?
- C’est pas interdit. C’est juste plus cher. Vous vous rendez pas compte du travail pour défaire et refaire à chaque fois le tabard, avec le nouveau dessin, sans que les coutures se voient… Et je vous parle pas de la difficulté de trouver un tissus identique !
- Ben… Je croyais que c’était votre métier ?
- Non. Mon métier, c’est de FAIRE les tabards… pas de les REFAIRE. Y a pas marqué « bobonne » là. »

Pff…
Non mais franchement… 40 pièces d’or ! 40 ! Il est pas un peu fou ?
Je vais me débrouiller toute seule, tiens ! Il va voir ! Un tabard tout beau, avec plein de couleurs et un logo qui tue !
C’est ce que je me suis dit alors…

Un ronronnement interrogateur me tira de mes souvenirs.
« Ne t’inquiète pas, Fifi… c’est juste que… Je n’arrive pas à m’y faire. Pourquoi a-t-il fallu que cela se passe comme ça ? »

Oui, c’est vrai. Pourquoi ?
J’étais si bien, avec ces amies que je connaissais depuis toujours, me semblait-il. Ces anciennes sirènes qui avaient créé un refuge pour elles.
Mais ce que je n’avais pas compris alors, c’est que ce refuge devait les abriter du monde, et non pas s’ouvrir.
Non. Je n’avais pas compris. Dès lors, tous mes efforts, toute mon énergie n’avait servis à rien, et sans m’en rendre compte, j’étais de plus en plus malheureuse alors que je les adorais.

Et un jour, un rayon de soleil nous a rejoint. Une jeune chasseresse qui, semblait-il, partageait mes rêves et mon enthousiasme, voulait créer ce groupe uni et vivant dont je rêvais tant. C’est là que j’ai su… que ma place ne serait jamais plus dans un refuge.
Je les ai quittées en colère. Oui, j’étais furieuse d’avoir échoué à partager mon rêve avec mes seules amies. Menwë, ma meilleure amie, m’a suivie et a pleuré pour moi les larmes que je ne pouvais pas verser.
Aujourd’hui encore, les souvenirs de tout ce temps passé à leur coté me tiraille et suscite en moi des sentiments doux-amers.
Mais ce n’était pas fini.
Alors que je quittais les miens pour tenter de concrétiser mes espoirs, le rayon de soleil partit briller ailleurs…

Seule. Encore. Pourtant, j’avais eu l’impression que ce temps était révolu, lorsque j’avais rejoins les Sirènes.
Non, je suis injuste… Menwë et Maëlie me suivent, maintenant. Et FièreLune, moitié de mon âme, restera toujours.

C’est lorsqu’on se dit que tout est fini, qu’on a fait le mauvais choix et que l’impasse est inéluctable… c’est là que l’on a besoin d’un miracle. Vous savez ? Celui que ne vient jamais…

Le mien s’appelle Likwalia. Je ne peux que rire, sourire aux anges lorsque j’y pense ! Quelle merveilleuse trouvaille !
A vrai dire, c’est plutôt elle qui m’a trouvée. Charmante chasseresse (oui, encore hein ^^ c’est pas fini vous verrez) et son étrange félin timide…
C’est elle qui m’a aidée à nommer la guilde, à recruter Gilgamesh, Ciryel, Clowreed… entre autre !
Et que dire de Cadohan, dont la confiance et l’enthousiasme m’ont donné foi, à nouveau ?

Lorsque je pense à eux tous, mon caractère émotif me rattrape souvent et me force a refouler quelques larmes d’intense joie.
J’ai confiance en eux tous, j’ai foi en leur énergie et leur volonté. J’ai foi en leur solidarité et leur imagination.
Enfin… Enfin…

« Aïeuh ! »

Foutue aiguille !